mercredi 27 juin 2012

La justice secrète de la Watchtower


“ Tu te donneras des juges et des préposés dans toutes tes portes que Jéhovah ton Dieu te donne selon tes tribus, et ils devront juger le peuple d’un jugement juste. Tu ne dois pas faire dévier le jugement. Tu ne dois pas avoir de partialité ni accepter de pot-de-vin, car le pot-de-vin aveugle les yeux des sages et pervertit les paroles des justes. C’est la justice — la justice que tu poursuivras, afin que tu restes en vie et que tu prennes vraiment possession du pays que Jéhovah ton Dieu te donne. ” (Deutéronome 16:18-20)
Les anciens ou surveillants de congrégations connaissent bien cette ordonnance de la loi mosaïque, au sujet de laquelle la Tour de Garde établit le rapprochement suivant :
“Une fois installés en Terre promise, les Israélites pouvaient, quel que soit la ville ou le village qu’ils habitaient, trouver aide et direction auprès du groupe des anciens de la localité (…). Les mêmes lourdes responsabilités reposent aujourd’hui sur les épaules des anciens de la congrégation chrétienne.” – Tour de Garde 1979 1/3 p. 18 § 4, Des hommes sages, avisés et expérimentés pour guider le peuple de Dieu
Mêmes responsabilités… et même justice ?

La question n'est pas futile, au regard de cette remarque pertinente de la Watchtower :
“Étant donné que le tribunal local siégeait aux portes de la ville, on ne pouvait pas contester le fait que le jugement était public (Deut. 16:18-20)! Sans aucun doute, les procès en public influençaient les juges dans le sens de la prudence et de la justice, qualités qui ont tendance à disparaître au cours des audiences à huis clos. Qu’en était-il des témoins? Dans les temps bibliques, les témoins devaient déposer en public.” - Réveillez-Vous! 1981 22/4 p. 17, De l’origine des lois
Même si des siècles plus tard Christ a en quelque sorte, comme l'indique le contexte de ses paroles, aboli la peine de mort applicable en cas de transgression de la Loi mosaïque en la remplaçant par une simple mise au ban de la société, il n'a toutefois pas dérogé à cette règle : toute affaire non résolue à l'amiable devait être débattue en public devant toute la congrégation, littéralement l'Ecclésia, ou l'assemblée (Matthieu 18:12-17).

Comment cela se passe-t-il dans l'organisation des Témoins de Jéhovah ? S'inspire-t-elle de ces précédents bibliques lorsque des anciens sont amenés à auditionner un présumé fautif ? L'affaire est-elle réglée “en public” de manière à influencer “les juges dans le sens de la prudence et de la justice, qualités qui ont tendance à disparaître au cours des audiences à huis clos” ?

Voici ce que stipule le règlement intérieur strictement réservé aux surveillants Témoins de Jéhovah : 
“Si les circonstances le permettent,  procédez à l'audition de discipline religieuse à la Salle du Royaume. Ce cadre théocratique insufflera à tous une disposition d'esprit plus respectueuse ; il favorisera également une plus grande confidentialité des discussions.” - Faites paître le troupeau de Dieu, p. 83 §7
“Si l'accusé affirme être innocent, on fera entrer les témoins de la faute, qui s'exprimeront en sa présence. (...) On demandera à l'accusé s'il veut commenter les témoignages. S'il souhaite produire des témoins pour établir son innocence, le comité de discipline religieuse les autorisera à témoigner. N'auditionnez que des témoins dont la déclaration porte sur la faute présumée. On ne laissera pas témoigner une personne qui souhaite simplement décrire la réputation de l'accusé. Un témoin ne doit pas entendre des détails qu'il ignorait ni le témoignage d'autres témoins. La présence d'observateurs venus apporter un soutien moral n'est pas autorisée.  On ne permettra pas l'usage d'appareils enregistreurs.” - Faites paître le troupeau de Dieu, p. 90 §2, 3
Pourquoi ce décalage flagrant entre les préconisations bibliques et le règlement de la Watchtower ? Pourquoi des audiences secrètes ? Pourquoi la confidentialité remplace-t-elle la transparence ? Serait-ce par souci de protéger la réputation de l'individu qui est jugé ?

Cet extrait d'une lettre de la Watchtower, elle-aussi confidentielle, nous révèle les vrais dessous de sa politique du secret :
Les conséquences juridiques inhérentes à la violation par les anciens de la confidentialité peuvent être substantielles. Si les anciens ne suivent pas attentivement les recommandations de la Société dans le traitement des questions confidentielles, de telles erreurs pourraient entraîner des contentieux qui se traduiraient par des victoires par ceux qui s’estimeraient offensés. D'importants dommages financiers pourraient être imposés aux anciens ou à la congrégation. Dans certains cas où les autorités sont impliquées, certaines complications peuvent entraîner des indemnités compensatrices ou de l’emprisonnement. Ces possibilités font ressortir la nécessité pour les anciens de faire preuve de discernement et de suivre attentivement les instructions fournies par la Société.” – Lettre aux anciens, 1er juillet 1989 (traduction de l'anglais)
Eh oui, les juges des Témoins de Jéhovah doivent ne surtout pas oublier la raison première de la norme de confidentialité à laquelle les astreint la Watchtower : Eviter à la très sainte organisation de perdre la face… et de l'argent!

“Le sens de la prudence et de la justice, qualités qui ont tendance à disparaître au cours des audiences à huis clos” ?


1 commentaire:

Bouddoc a dit…

justice est rendue et en public dans l'affaire CONTI.
Chacun peut apporter ses Témoins.
Parmi la W.T., il n'y a que des Témoins qui sont près à soutenir l'insoutenable, elle ne devrait donc pas avoir peur.
- Si le jugement est confirmé, que va nous écrire la W.T ?
- Si garder la confidentialité est aussi onéreuse que la non confidentialité, que va t'elle conseiller à nos chers anciens ?
To talk or not to talk ?
That is the question ?